Vassili Blokhine : le bourreau de Staline aux 15.000 têtes

 

Vassili Blokhine : le bourreau de Staline aux 15.000 têtes

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Vassili Mikhaïlovitch Blokhine / Services secrets soviétiques.

Exécuteur en chef du régime, ce membre du NKVD a activement participé à l'élimination des ennemis du Vojd jusqu'à frôler le surmenage.

Boucher

Le qualificatif de « boucher » lui va comme un gant. Comme les équarrisseurs, il porte un tablier de cuir, des gants de moto qui lui remontent jusqu'aux coudes et une casquette afin de ne pas tacher son uniforme, déjà bardé de médailles du Mérite. Vassili Blokhine est un instrument de mort froid et précis, lisse comme un scalpel.

Vassili Blokhine

Pourtant, il aurait pu se trouver de l'autre côté de ce pistolet qu'il braque sur la nuque d'un dissident : ayant combattu dans l'armée tsariste à ses débuts, il n'a rejoint la police politique soviétique que sur le tard, en 1921… Mais Joseph Staline, voyant sans doute dans son profil atypique un futur camarade exemplaire, le prit sous son aile.

Maçon

L'ancien maçon prend alors rapidement du galon. Régulièrement promu dans les années 1920, il se trouve être très à l'aise avec un pistolet, surtout lorsqu'il est pointé sur la tête d'un prisonnier condamné à mort. 

Bourreaux

Comme la plupart des prolifiques bourreaux de l'époque, il est issu de la classe paysanne : peut-être cette ascension sociale justifie-t-elle le zèle avec lequel Vassili Blokhine s'exécute et exécute dans le cadre de ses fonctions. Froidement, avec méthode, tel un employé modèle sur sa propre chaîne d'abattage.

Signature

À partir de 1925, on retrouve sa signature au bas de la plupart des sentences d'exécution du Commissariat du peuple aux Affaires intérieures (NKVD). En 1936, en récompense d'un travail jugé « irréprochable », Vassili Blokhine est même loué par le ministre des Affaires internes : il recevra l'ordre de l'Insigne d'honneur l'année suivante.

Purges

Il faut dire qu'il a du pain sur la planche. Entre les purges internes du Parti communiste, la spirale de mort dans laquelle Joseph Staline s'enferme et l'exécution systématique de dissidents, le bourreau frôle le surmenage. 

2000002982373L'écrivain Isaac Babel, photographié par le NKVD en mai 1939.

Terreur

La Grande Terreur qui saisit l'Union soviétique entre 1936 et 1938 conduit à la liquidation de quelque 750.000 « ennemis du régime » et à la déportation d'autant de prisonniers vers les goulags. Dans ce contexte, rien de surprenant à ce que les exécuteurs, en première ligne, soit proches du burn-out.

Alexandre Emelianov

« Quoi que vous disiez, le travail n'était pas des plus faciles, dira plus tard Alexandre Emelianov, un collègue de Vassili Blokhine, selon des propos repris par Russia Beyond. »

Fatigués

« On était si fatigués qu'on pouvait à peine tenir sur nos jambes. Et on se lavait à l'eau de Cologne jusqu'à la taille. Sinon, on ne pouvait pas se débarrasser de l'odeur du sang et de la poudre. Même les chiens nous évitaient et s'ils aboyaient, ils le faisaient de loin voire pas du tout. »

Confiance

Signe de la confiance que Joseph Staline lui porte, c'est au cours des Grandes Purges de la seconde moitié des années 1930 que Vassili Blokhine exécute ses prisonniers les plus prestigieux des gradés dont certains avaient été ses supérieurs. 

Nikolaï Iejov

En 1940, il fusille Nikolaï Iejov, ancien patron du NKVD et, ironiquement, l'un des instigateurs de la liquidation dont il se retrouve victime. Vassili Blokhine abat également le dramaturge Vsevolod Meyerhold et l'écrivain Isaac Babel. Entre autres. En cette période agitée, difficile de tenir les comptes.

Massacre

Lors du massacre de Katyń du printemps 1940, au cours duquel des dizaines de milliers de prisonniers de guerre polonais sont secrètement abattus, Vassili Blokhine est l'un des principaux bourreaux à se salir les mains. 

2000002982373Un ensemble de documents appartenant au général Mieczysław Smorawiński, l'un des morts identifiés dans les fosses communes de Katyń le 30 avril 1943.

Liquidation

Chaque jour, il participe à la liquidation de 250 personnes, s'accordant seulement quelques minutes par condamné, le tout dans une cave humide reconvertie en abattoir.

Surprise

À la surprise de ses acolytes, Vassili Blokhine se présente au point de rendez-vous avec une valise pleine de pistolets allemands Walther 2. « Nos armes TT soviétiques n'étaient pas assez fiables. Elles avaient tendance à surchauffer avec l'usage intensif. » Il ne faudrait pas gâcher l'opportunité d'un si beau massacre…

Zèle

Avec zèle, le bourreau de Joseph Staline travaille d'arrache-pied jusqu'au terme de la guerre. En 1945, Vassili Blokhine a atteint le rang de major-général et peut se targuer d'une carrière de vingt-quatre ans au sein du parti. 

Prouesse

(Une prouesse rare : la longévité n'est pas un trait commun dans les rangs du NKVD). D'après les historiens, il aurait exécuté de sa main 15.000 ennemis du régime sans l'ombre d'un remords.

Pension

Après la guerre, il reçoit une généreuse pension de la part du KGB. Mais on dit qu'il s'abîme dans la boisson : il faut dire que Vassili Blokhine éclusait régulièrement de la vodka en compagnie de ses acolytes lors des journées noires de 1936 à 1940, afin de tenir la cadence. 

2000002982373Une affiche de 1944 illustrant le massacre de Katyń. 

Collègues

Du reste, beaucoup de ses anciens collègues ont été internés dans des hôpitaux psychiatriques, signe d'un métier qui laisse d'irréparables séquelles.

Surmenage

Ses années de surmenage finissent par le rattraper : affaibli par une maladie mentale, contraint de marcher avec une canne, Vassili Blokhine meurt en 1955 d'un infarctus du myocarde. La thèse de l'empoisonnement n'a pas été écartée.

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